01 mars 2006

La nouvelle vague du cinéma portugais?

Si j'étais étranger et que je regardais quelques unes des dernières productions cinématographiques portugaises intéressantes, et surtout celles qui arrivent à l’étranger - p. ex. "O fantasma" et "Odete" de João Pedro Rodrigues, "Alice" de Marco Martins ou encore “Noite escura“ de João Canijo (Nuit noire, avec l'excellente actrice Beatriz Batarda) - je dirait que ça va très mal au Portugal, et dans la tête des portugais. Je leur conseillerais peut être d'aller voir un psi, en vitesse. Les films sont noirs, sombres, bizarres, même tordus.

Malgré cette première impression, il y a des choses intéressantes et nouvelles. Est ce une nouvelle vague? Je trouve João Pedro Rodrigues le plus intéressant des directeurs et ce n'est pas du à la thématique de ces films. Déjà son premier film "O Fantasma" m’avait surpris positivement. Il n'était pas facile de faire le deuxième film. "Odete" n'est peut être pas un film facile, il y a des moments mêmes irritants voire ennuyeux, mais pourtant c'est un film spécial, que l'on aime ou déteste. Un film un peu dérangeant, sur la transfiguration de l'amour, le transfert des sentiments, sur la solitude... servi par une actrice prométeuse, Ana Cristina de Oliveira (elle avait fait surtout de la pub et a gagné avec ce film le prix pour la meilleure interpétation au Festival Internacional de Cinema de Belfort - Entrevues) et servi par une bande son magnifique... donc selon moi, à voir absolument, si vous aimez le cinéma "différent". Par contre, si vous préférez les comédies "mainstream" et les films d’action type Hollywood, forget it…

Mais le succès a aussi touché un autre film, "Alice", le premier film de Marco Martins, qui a été mentionné par le magazine Les Inrockuptibles comme l'un des bons films de 2005.
Malheureusement ce succès à l’étranger (même si seulement dans des cercles restreins) ne suit pas un succès au Portugal. Les films portugais, avec quelques rares exceptions, ne restent pas longtemps en exhibition… et quand ils restent, ce ne sont pas toujours les plus intéressants.
En 2005, le succès du film "O Crime do Padre Amaro” ne cache pas le divorce du public face au cinéma portugais. Avec ce film le quota du cinéma portugais n’est monté qu’à 3,1% du total. Maigre… Selon une enquête effectuée par le Centro de Investigação em Comunicação Aplicada, Cultura e Novas Tecnologias de l'Université Lusófona (cité par le journal Publico), 45,9% des personnes questionnées ne se souvenait même pas du dernier film portugais vu. 24,2% ne regardait jamais des films portugais et 93,3% préfère voir des films étrangers. Le cinéma portugais est souvent jugé trop littéraire, voire théâtral, pas très émotionnel. O Crime do Padre Amaro a constitué un cas spécial en 2005: assez populaire (mais pas de très grande qualité, il faut le dire) qui, jusqu’au 8 février 2006 avait été vu par 372.541 spectateurs, devenant ainsi le film portugais le plus vu jusqu’à présent, dépassant "Tentação", de Joaquim Leitão (1997), qui avait été vu par 361.312 personnes.


Il faut dire aussi que, en 2005, même si le nombre total de billets de cinéma vendus a diminué de 7,5%, passant de 17 millions de spectateurs à 15,7 millions, au Portugal, le nombre de ceux qui ont assisté à des films portugais a augmenté de 2,0% en 2004 à 3,1% en 2005, passant de 335.586 à 462.118 spectateurs en 2005. Si le grand responsable a été "O Crime do Padre Amaro”, d’autres films ont suivi, en particulier “Sonho de uma Noite de São João” (film d’animation luso-espagnole) et “Alice” de Marco Martins, qui ont eu seulement 56.457 et 33.320 spectateurs, respectivement.

Liste des films les plus vus au Portugal en 2005:1º Madagascar 692.350 / 2º Harry Potter 514.024 / 3º Guerre des Mondes 505.359 / 4º Mr. & Mrs. Smith 432.626 / 5º Uns Compadres do Pior 400.271 / 6º Ocean"s Twelve 391.271 / 7º Star Wars III 352.584 / 8º Million Dollar Baby 319.136 / 9º O Crime do Padre Amaro 314.975 / 10º Chicken Little 305.970 / source: ICAM.

A suivre…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

By the way, why does Portuguese cinema remain in darkness?

Portuguese directors desire, above all, to be included in a so-called cultural upper class. This intellectual snobbery reduces a wide range of creative possibilities, and is one of the main reasons why Portuguese movies do not evolve. Cinema is much more than depressing plots or stories, exotic and endless shots of top models that somehow became “remarkable” actors and actresses. Cinema should be inclusive rather than exclusive; cinema is not an alternative expression of art; cinema is the ultimate encyclopedia of life, and therefore for "all audiences".

contestatario a dit…

I totally agree Veronikake! Maybe they despise money and don't care about making success in Portugal. Some may just hope to be quoted by the "Cahiers du cinéma" and become famous abroad...
Maybe the "revolution" that happened with portuguese novelas will also happen to portuguese films, when they realise that this is an industry, and an art.